Après avoir fait ses premières armes auprès de son beau-frère, Leclerc, à Saint-Domingue, il se rendit aux Etats-Unis où il épousa (1803) Elisabeth Patterson, fille d’un riche négociant. Fureur de Napoléon qui avait d’autres projets. Mineur au moment de son mariage, la mort dans l’âme et malgré sa résistance, Jérôme dut reconnaître la nullité de son mariage.
Promu contre-amiral de pacotille, il quitta la mer pour prendre le commandement d’un corps d'armée de Bavarois et de Wurtembourgeois, à la tête duquel il enlève la Silésie au roi de Prusse.
Cette même année 1807, il épousa la princesse Catherine de Wurtemberg et se retrouva catapulté souverain de Westphalie, royaume fabriqué de pièces et de morceaux mais qui servait de marche à la France sur la rive droite du Rhin.
Fier de la position de son frère et de la sienne, toute à la fougue de sa jeunesse, de loin son plus gros défaut, Jérôme manquait cruellement de discernement dans le choix de ses amis. Dépensier et frivole, il multiplia les maîtresses. La reine qu'on appelait « la dinde de Westphalie », fermait les yeux car elle adorait son mari qu'elle surnommait Fifi...
Pire, Fifi se révéla un chef de guerre incapable. Il n'était pas sot, mais détestait faire la guerre. Si le courage ne lui faisait toujours défaut, il était incompétent en la matière. En 1809, l’Empereur avec son sens délicat de la formule lui écrivait : « […] Vous vous sauvez honteusement et vous déshonorer mes armes et votre jeune réputation.»
Malgré tout, lors de la campagne de Russie, Napoléon eut la faiblesse de lui confier l’aile droite de son armée. Et Fifi de se distinguer une fois de plus par son incapacité. Outré, l’Empereur le subordonna à Davout qui le détestait. Vexé, Jérôme rentra bouder à Cassel, capitale de son royaume, en abandonnant son poste sans prévenir…
Les désastres de 1812 et de 1813 le forcèrent à quitter son royaume.
En 1814, à l’abdication de Napoléon, il s’enfuit de France pour Trieste où il resta sous la surveillance des Autrichiens.
Durant les Cents-Jours, il se sauva pour rejoindre son aîné. A Waterloo, ses initiatives furent comme toujours désastreuses. Pour une fois qu’il se battait avec un réel courage !
Après la seconde abdication de son frère, Jérôme quitta secrètement Paris et finit par rejoindre sa femme chez son beau-père à Göppingen. Mais se lassant très vite de sa cage dorée, il erra de château en château en Autriche, accumulant les dettes dues à son train de vie princier. Il finit par rejoindre Madame Mère à Florence.
En 1847, il obtint de la monarchie de juillet son retour en France. A la prise de pouvoir de son neveu, Louis Napoléon, il fut nommé président du Sénat, gouverneur général des Invalides, et reçut le bâton de maréchal en 1850 ! Et les soldats de mérite de s’étrangler dans leur tombe !
Installé au Palais-Royal, malgré son âge, Jérôme continuait à fréquenter le seul champ de bataille où il excellait : le lit.
Veuf depuis 1835, il avait convolé en 1841, avec Justine Batholini, une riche aristocrate de Florence qui, lassée de son mari volage, le quitta.
Vieux monsieur aimable et fêté comme le frère de l’Empereur et l’oncle de Napoléon III, Jérôme mourut dans sa propriété de Vilgénis (Essonne). Il avait la chance d'être le seul de la fratrie à mourir en France et de plus sous le règne de son neveu. Ainsi bénéficia-t-il de funérailles solennelles et, de suite, d’une sépulture prestigieuse.
Après les cérémonies funèbres, Jérôme Bonaparte fut inhumé le 3 juillet 1860 en l'église du Dôme des Invalides où son tombeau se trouve dans la chapelle Saint-Jérôme aménagée Alfred-Nicolas Normand en 1861/1862.
Dans le caveau de la chapelle furent également inhumés :
- Le coeur de Catherine de Wurtemberg