Au 12ème siècle, parallèlement à l’émergence de l’université, se créèrent des collèges qui, en se multipliant jusqu’aux deux premières décennies du 15ème siècle, participèrent à l’âge d’or de l’université médiévale.
Créés par une Fondation, donation d’un homme riche, prélat ou personnalité royale, ils avaient vocation d’héberger et d’entretenir, avec l’octroi de bourses, les « pauvres étudiants ». Toutes prévoyaient l’achat ou la construction de bâtiments, dont une chapelle, et fixaient leurs conditions d’admission (critères sociaux ou origine géographique).
Répartis en deux types : les collèges réguliers -réservés aux clercs de différents ordres mendiants venus se diplômer en théologie à l’université de Paris-, et les collèges séculiers, ouverts aux clercs et aux laïcs, progressivement, le collège devint un lieu d’enseignement pour les arts libéraux - l’université se limitant aux facultés supérieures (théologie, droit, médecine)- ainsi qu’un lieu foisonnant de vie intellectuelle faisant de l’ombre à l’université.
Installés sur la rive gauche et, pour beaucoup, accrochés à la Montagne Sainte-Geneviève, 28 d’entre eux furent rattachés, en 1763, au collège Louis le Grand consacré chef-lieu de l'université de Paris.
Bien que passionnante, laissons là l’histoire de l’université et des collèges de Paris en rappelant juste qu’à l’origine, la Sorbonne, fondée par Robert de Sorbon, n’était pas une université mais un collège.
Certains accueillirent des sépultures au sein de leur chapelle à commencer, le plus souvent, par celles des fondateurs et/ou leur famille, ce qui fut le cas du collège de Beauvais, dit aussi de Dormans du nom de son fondateur.
En 1324, sur son futur emplacement, dans le Clos-Bruneau, on trouvait déjà un collège occupé par les boursiers du collège de Laon avant qu’ils ne fussent transférés (1340) un peu plus loin à l’hôtel du Lion d’Or.
En 1365, le cardinal Jean de Dormans, évêque de Beauvais et chancelier de France acheta les locaux auxquels il ajouta ceux d’une maison voisine dans lesquels il installa, en 1370, un collège destiné à 12, puis à 24 écoliers originaires du diocèse de Soissons, et, par préférence, celui de Dormans. Jean avait prévu son frère Guillaume pour lui succéder. Mais tous deux étant morts à quatre mois d’intervalle en 1373, ce fut au tour de Miles de Dormans, fils de Guillaume et neveu de Jean, de reprendre en charge la destinée du collège.
Lui-même évêque d’Angers, puis de Bayeux et de Beauvais et chancelier de France, Miles fit construire une chapelle que l’on plaça sous le patronage de saint Jean-l’Evangéliste. Charles V, en souvenir de son fidèle chancelier, en posa la première pierre en 1374. Sa construction, confiée à l’architecte du Louvre, Raymond du Temple, se termina en 1382, année de son ouverture au culte. Favorable à cette fondation, le pape Clément VII accorda des indulgences à tous ceux qui viendraient y prier. Le sculpteur Jean de Liège (1382) y travailla. A Miles, succéda son frère Guillaume qui géra le collège jusqu’à sa mort (1405). En quarante ans, quatre Dormans avaient donc tenu l’établissement en mains avant que son administration ne soit dévolue au parlement qui s’occupa toujours avec zèle de ses intérêts.