Restait à effectuer l'autopsie et à organiser les préparatifs de l'inhumation. Mais laissons la parole à Marchand témoin de tout ce qui suivit:
« Après avoir ainsi mis ordre aux affaires du moment, nous attendîmes l’heure de minuit fixée par les médecins pour sortir l’Empereur de son lit ; Noverraz, Saint-Denis, Pierron et moi, nous remplîmes ce pieux devoir assistés par les docteurs, en présence des comtes, Bertrand, Montholon et l’abbé Vignali. Combien furent grandes nos réflexions en voyant le corps inanimé de l’homme qui avait commandé à l’Europe, étendu sur un lit de sangle, mourant sur la terre de l’exil. Après avoir purifié son corps en le lavant avec de l’eau de Cologne mélangée d’eau naturelle, Noverraz, malgré son état de faiblesse, lui fit la barbe (aujourd’hui une partie est dans mon reliquaire) ; cette pieuse cérémonie remplie, nous lui mîmes une chemise et nous le déposâmes dans le second lit de campagne blanchement préparé à cet effet, et qui fut mis à la place de celui dont nous l’avions sorti et le docteur replaça la mentonnière que nous avions retirée ; dans cet état, l’Empereur avait sa figure de consul ; la bouche légèrement contractée, donnait à sa figure un air de satisfaction, il ne paraissait pas avoir au-delà de trente ans. Le calme de cette figure laissait plutôt croire au sommeil qu’à la mort. Si dans ce moment, on eût pris son plâtre, il eût été beaucoup mieux que celui pris deux jours après, dont le caractère est vieillardé par l’affaissement des chairs qui alors étaient tendues. Nous approchâmes alors du lit, deux petites consoles sur lesquelles nous plaçâmes les deux girandoles garnies de bougies allumées et dont on se servait pour la chapelle. L’abbé Vignali posa sur la poitrine de l’Empereur un crucifix d’argent et, après avoir sorti de cette pièce toutes les choses inutiles, nous nous retirâmes, laissant l’Empereur à la garde de l’abbé qui ne quitta plus le corps qu’il ne fût mis en terre, à celle de Pierron et du Dr Arnott en attendant qu’il pût être transporté dans la chapelle ardente qui devait être préparée le lendemain.»
« …Ainsi vêtu, l’Empereur, à 4 heures du soir, fut porté dans son ancienne chambre à coucher que l’on venait de tendre en noir et de transformer en chapelle ardente ; un lit de campagne dans lequel il est mort, y avait été préparé, nous déployâmes dessus le manteau bleu que l’Empereur portait à Marengo et nous déposâmes son corps dessus ; un autel conformément aux instructions données à l’abbé Vignali, était dressé à la tête du lit, l’abbé y était en prières, le drap qui couvrait la table sur laquelle l’autopsie eut lieu fut partagé dans ses parties tachées. », que certains conservèrent comme reliquaire.