Ouvert en 1866 à la suite d’une épidémie de choléra, il reçut ensuite les dépouilles des fous ou étiquetés comme tel. En cette deuxième partie du 19ème siècle, et plusieurs décennies après, la population aliénée de l’asile de Navarre était loin de toujours relevée de la camisole.
Indigents rejetés par les hospices et dont l’internement se voulait être la prévention de la criminalité de ces pauvres qui faisaient peur mais qui permettait aux plus humbles de survivre ; alcooliques dont les excès était la première cause d’aliénation mentale ; jeunes délinquants mineurs venant de la colonie des Douaires de Gaillon qualifiés de « fous moraux » à qui l’on reprochait d’être dépourvus de valeurs morales, d’avoir de « mauvais instincts » ou de se livrer trop fréquemment à l’onanisme.
Des passerelles entre prise en charge sanitaire et éducation correctionnelle préfigurant la catégorie des enfants « inadaptés » du 20ème siècle. Entre assistance et répression, des résidents finirent leurs jours là.
Au total, 460 tombes en majorité de patients mais aussi de quelques soignants et médecins dont on ne peut confondre la sépulture avec celles des autres : des pierres tombales ou des stèles sur lesquelles sont inscrits leur identité, leurs dates et leur fonction. La dernière inhumation eut lieu en 1974.