A plusieurs reprises, il tenta vainement de remettre l'objet de son "pieux larcin" à Louis XVIII puis à Charles X. En 1828, Mgr de Quélen accepta de prendre en dépôt le coeur à l'archevêché de Paris en attendant la réponse de Charles X. Le Dr Pelletan mourut un an plus tard sans avoir obtenu l'aval du roi.
Deux siècles…de confusion et de polémiques sur la véracité des faits dans lesquelles je n'ai pas certes pas l'intention de plonger un seul orteil.
Philippe Pelletan avait deux fils : Pierre, le fils légitime et Philippe-Gabriel, le fils adultérin, qui étaient brouillés. Tous deux étaient médecins.
Le 29 juillet 1830, l'archevêché de Paris fut pillé. Quelques heures après la mise à sac de l’archevêché en 1830 Pierre se rendit sur place et retrouva la boîte en plomb abritant le cœur de Louis Joseph dauphin, frère aîné de Louis XVII, mort en 1789 ; le coeur ayant été également sauvé du pillage du Val-de-Grâce durant les profanations révolutionnaires.
De son côté, Philippe-Gabriel s’y rendit lui aussi, le 5 ou 6 août suivant, et retrouva sur un tas de sable le cœur de l'enfant du Temple avec les débris de l'urne qui le contenait et le Mémoire de son père qui l’accompagnait.
Les deux frères n’ayant contact, chacun ignorait la découverte de l’autre. De là partit la confusion et, selon certains, l’impossibilité aujourd’hui de savoir auquel des deux dauphins appartient le cœur déposé à la basilique Saint-Denis.
Longtemps on pensa même avoir perdu la trace du cœur retrouvé par Pierre Pelletan. Lorsqu’il mourut le 12 août 1845, il avait déjà entrepris des démarches auprès des Bourbons pour leur céder le cœur qu'il détenait. Elles furent poursuivies par son fils adoptif Jules, qui mourut en 1873, laissant à son tour un fils avec lequel il avait de mauvais rapports. Malgré tout, le cœur aurait finalement été transmis au comte de Chambord si l'on se réfère à une lettre datée du 17 octobre 1885 écrite par le père Bole, confesseur du comte.
Lorsque Philippe-Gabriel Pelletan mourut en 1879, son exécuteur testamentaire fit proposer au comte de Chambord le cœur détenu par Philippe-Gabriel avec l’ancien Mémoire du Dr Pelletan. Le comte mourut en 1883 sans avoir donné son accord pour recevoir ce « cœur Pelletan ». Ce n’est qu’en 1895 que don Carlos, neveu de la comtesse de Chambord, en prit possession et l'emmena sans doute au château de Frohsdorf où le comte résida jusqu'à sa mort en 1909.
Ainsi les deux cœurs se trouvaient-ils réunis entre les mains des descendants des Chambord. A la mort de don Carlos, ce fut son fils, don Jaime, qui hérita de Frohsdorf et en laissa la propriété à sa troisième sœur Marie-Béatrice. Il décéda en 1931 .
En 1975, les descendantes de Marie-Béatrice offrirent à la France le cœur prélevé par le Dr Pelletan et supposé être celui de Louis XVII, donc celui de Philippe-Gabriel.
Voilà l'affaire, très résumée, qui se termine par un coeur de trop.
Et l'incertude de certains?
Elle provient des analyses. S'il ne fait plus aucun doute que le coeur appartienne bien à des fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, les versions quant aux résultats pour les authentifier individuellement diffèrent. Selon des experts médicaux, la mère étant commune aux deux enfants, les analyses ADN ne peuvent en aucun cas différencier les deux organes et pour d'autres ce fut possible...et la polémique de continuer.
Mort à Bourg-la-Reine, Philippe Jean Pelletan fut inhumé dans le cimetière de la commune où sa tombe existe toujours.