« J’ai mes vieilles idées, et je veux mourir avec elles » : ces vieilles idées, dont il refusa de se départir durant son règne, le menèrent à la catastrophe.
Déjà, bien avant la Révolution, le comte d’Artois, frère cadet de Louis XVI et de Louis XVIII, prince désinvolte, libertin , dépensier mais sachant plaire, avait rallié une coterie sous le signe de l’absolutisme dont l’agitation était surtout dirigée à la fois contre le roi et le comte de Provence (futur Louis XVIII). Bien des années plus tard, son amie, Mme de Polastron sut convertir cet esprit léger à plus de piété. Sous le règne de Louis XVIII les ultras-royalistes, hostiles au libéralisme de ce dernier, fondaient tous leurs espoirs sur le comte d’Artois qui, devenu Charles X, ne les déçut pas. Révélateur, son premier geste le jour de son sacre fut de rétablir la guérison des écrouelles !
Pourtant, fort populaire au moment de son avènement, et souhaitant sincèrement le bonheur de son peuple, Charles X était hélas dépourvu de sens politique. A sa décharge, il n’avait jamais été préparé à régner, il était déjà âgé de soixante-sept ans et avait vingt-cinq ans d’exil à son actif dont la plupart partagés avec le comte de Provence.
Depuis son retour d’émigration, Charles n’avait qu’un but : restaurer l’Ancien régime à l’aide des ultras dont il était le chef incontesté et peu lui importait la nouvelle France ! C’est donc un ministère d’ultras qui prit le pouvoir. Après quelques décisions libérales, bien vite, celui-ci, avec Villèle, cumula des mesures aussi réactionnaires qu’impopulaires. Pour calmer l’agitation qui s’en suivit, Charles désigna Martignac en remplacement de Villèle. Royaliste modéré, Martignac s’attira rapidement la méfiance du roi qui le renvoya pour nommer à sa place Jules de Polignac, ultra parmi les ultras ! Grâce à quoi, tous les hommes les plus impopulaires de France et les plus incompétents se retrouvèrent aux postes clés. Leur triomphe, dont ils n’ont jamais compris l’aspect illusoire, ne dura qu’un an.
Pour museler une opposition qui se renforçait, Charles X signa les ordonnances du 25 juillet 1830 qui suspendaient la liberté de la presse et modifiaient profondément le système électoral en réduisant le nombre d’électeurs. La goutte en trop venait de déborder du vase. Paris explosant d’exaspération, se soulèva les 27, 28 et 29 juillet 1830, journées rentrées dans l’histoire sous le nom des
« Trois Glorieuses ».
Beaucoup moins glorieux furent la fuite du roi à Rambouillet et son abdication en faveur de son petit-fils, le duc de Bordeaux, également comte de Chambord, fils posthume du duc de Berry. Et c’est à Louis-Philippe, qui venait d’accepter les fonctions de lieutenant-général du royaume, à la supplique des députés et des pairs encore présents à Paris, qu’il demanda de placer ce dernier Bourbon sur le trône. Demander cela à l’héritier de la branche des Orléans ! Autant prier un borgne de se crever le deuxième œil !
Ses maladresses et celles de son administration ont occulté sa bonne gestion de la France qui fut heureuse sous son règne. Ce roi décrié, reprit le chemin de l’exil dont il ne revint pas.