STREICHER Julius (1885 – 16 octobre 1946)
Cendres jetées dans l’Isar à Munich (Allemagne)
2 novembre 2012
Grand organisateur de la propagande antisémite, qu’il avait entamée dès 1923 dans son journal Der Stürmer, avec force détails et violence, il accusait les Juifs d’être responsables de la grande dépression mondiale, du chômage, de l’inflation et de 90% de la prostitution en Allemagne, de n’être que des esclaves blancs violeurs des femmes allemandes, auteurs des crimes envers femmes et enfants pour satisfaire à un rituel, etc.
Une telle bonne volonté ne fut pourtant pas récompensée comme il l’espérait. Ses excès de tous poils finirent par lui aliéner quelques proches d’Hitler, dont Göring qui clama interdire à ses hommes de lire le journal.
Accusé de profiter de ses fonctions au sein du parti pour s’approprier un nombre conséquent de biens confisqués aux Juifs, l’ensemble de son comportement lui valut d’être démis de toutes ses charges officielles en 1940. Il fut néanmoins autorisé à continuer Der Stürmer, conserva de bonnes relations avec Hitler et s’occupa de ses terres.
Il fut arrêté le 23 mai 1945 par les Américains à Waidring, un village autrichien. Après voir prétendu se nommer Joseph Sailer et être peintre, il finit par avouer sa véritable identité.
Il n’était pas militaire, n’avait pas planifié l’invasion d’autres nations ou participé à l’holocauste mais son rôle primordial dans l’incitation à l’extermination des Juifs se suffisait à lui-même pour l’englober dans le procès de Nuremberg.
Condamné à mort à l’issue du procès, son exécution fut sans doute la plus remarquée.
Refusant de se vêtir tel qu’il le devait, on dut le traîner jusqu’à la potence où il cracha à la figure du bourreau tout en lui hurlant qu’un jour les bolcheviks le pendraient. Et au cas où l’assemblée présente aurait eu des doutes quant à ses convictions, il vociféra sur le Pourim 1946, hurla un dernier « Heil Hitler, je suis avec Dieu. Adèle, ma chère femme» avant de basculer en enfer…environ 15 minutes plus tard.
Tant de provocations n’avaient fait que décupler la haine du bourreau Woods à son égard. Selon Stanley Tilles, qui assistait Woods, à l’expression de l’exécuteur, il était clair que Streicher ne serait pas pendu comme les autres. Il vit Woods placer le nœud de la corde à une hauteur légèrement différente de l’emplacement habituel qui garantissait la cassure du cou et, avec elle, une mort instantanée. Lorsque la trappe s'ouvrit, il fut évident pour tous, écrit Tilles, que le halètement et les gargouillements de Streicher prouvaient qu'il se mourait lentement par étouffement. Tous les observateurs parurent conscients de cette entorse à la procédure normale, mais personne ne dit mot. Néanmoins, ce sabotage intentionnel valut à Woods d’être relevé peu après de ces fonctions.
Ultime dérision, les Américains inscrivirent un prénom et un nom juifs sur son cercueil : Abraham Goldberg.
Comme celles des autres exécutés de Nuremberg, afin d'éviter toute sépulture prétexte à rassemblement commémoratif, la dépouille de Julius Streicher fut portée au crématorium de l’Ostfriedhof (cimetière de l’Est) de Munich refait en 1929. Ses cendres furent ensuite dispersées dans l’Isar, tout proche.►Procès de Nuremberg : exécutions et après.
TOMBES SÉPULTURES DANS LES CIMETIÈRES ET AUTRES LIEUX
par Marie-Christine Pénin
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