Personnalité majeure de son temps, Wagner mettait aussi au centre de sa vie…Wagner. Ainsi, lorsque Louis II de Bavière, admiratif de son œuvre, le fit venir près de lui, le compositeur ne poussa-t-il pas son mécène à l’économie. Entre autres, celui-ci régla ses dettes considérables et, en 1865, dépensa sans compter pour faire monter Tristan et Iseut qui, par ailleurs, fut un triomphe. Rien n’était trop beau pour satisfaire les projets grandioses du compositeur qui trouvaient leur écho dans l’esprit de démesure de Louis II. Mais soupçonné de profiter son intimité avec le jeune roi pour l’influencer tout lui faisant vider les caisses du royaume de Bohême, il s’aliéna à la fois les membres de la Cour et la population. A cela se rajoutait le scandale provoqué par sa liaison avec une femme mariée, Cosima von Bülow.
Contraint de quitter Munich et sa corne d’abondance, il finit par s’installer à Bayreuth (1871) où il décida de faire construire un opéra spécialement conçu pour y accueillir le cycle complet de sa Tétralogie (ou Ring). Fruit de près de trente ans de gestation au cours desquels l'œuvre se transforma progressivement en une gigantesque allégorie philosophique sur la société, la politique, l'économie, la psychologie et le pouvoir, il s’agissait de la mettre en scène en s’appuyant autant sur le théâtre, la musique, la poésie que la peinture.
Inspiré des mythologies allemandes et scandinaves, et composé d’un prologue (L’Or du Rhin) et de trois pièces (la Walkyrie, Siegfried et le Crépuscule des Dieux), la représentation du Ring devait s’étaler sur trois jours.
Grâce au soutien d’amis fortunés, de celui indéfectible de Louis II et de souscriptions, ce qui est devenu le Palais des festivals ouvrit en 1876. Succès artistique mais vrai gouffre financier, Wagner dut renoncer à réitérer l’année suivante et tenta de réduire le déficit en donnant une série de concerts à Londres. Le second festival de Bayreuth eut lieu en 1882 avec la présentation de Parsifal, tiré de la légende chrétienne du saint Graal,sur lequel il travaillait depuis cinq ans.
Mais il était déjà gravement malade Avec sa famille, il se rendit à Venise où il mourut d’une crise cardiaque dans les bras de Cosima au Palais Vendramin Calergi qui, depuis, abrite le casino de Venise et le musée Wagner inauguré en 1995.
Son parcours le fit tour à tour regarder comme un anarchiste, un socialiste, mais aussi comme un proto-fasciste et un nationaliste. Wagner se considérait comme « le plus allemand des hommes » incarnant
« l’esprit allemand », son histoire, sa culture. Son emprunt aux légendes germaniques comme source d’inspiration doublé de son antisémitisme notoire allaient trouver un écho quelques décennies plus tard dans l’idéologie nazie. Comme a dit Woody Allen, non sans ironie : « Quand j'écoute trop Wagner, j'ai envie d'envahir la Pologne » …
Après le rapatriement de sa dépouille à Bayreuth, Richard Wagner fut inhumé dans le parc de sa villa Wahnfried .