Soutenant les Princes lors de la Fronde, la marquise fréquentait les milieux mondains de ce parti.
Veuve à vingt-cinq ans, jolie, spirituelle, confortablement lotie malgré les dettes de feu son époux, bien que courtisée, Marie resta sage. Elle brillait dans les salons où l’on rivalisait d’esprit, cultivait l’art de la conversation orale ou épistolaire. Un tantinet snob, elle restait très attachée à ses origines aristocratiques.
Fouquet, alors en pleine ascension sociale, qui lui fit des avances, fut de ses proches. Elle le soutint discrètement lors de son procès. Sans se mêler de politique, elle prit parti contre Colbert mais se ménageait ses contacts avec la Cour même elle ne la fréquentait pas vraiment. Occupée à élever ses enfants et à les marier, Françoise-Marguerite épousa François de Castellane-Adhémar de Monteil, comte de Grignan de la meilleure noblesse de Provence.
En 1671, Françoise quitta Paris pour rejoindre son mari, laissant sa fille, Blanche, en nourrice chez sa grand-mère. Cette année fut cruciale pour Mme de Sévigné qui, séparée de sa fille, entama l’œuvre qu’on lui connait. Comme toute femme d’esprit et mondaine, elle avait déjà écrit des lettres dans le registre « galant » alors en vogue.
Mais avec le départ de sa fille, le ton et le flux de la correspondance furent bouleversés : deux fois par semaine, parfois davantage, elle lui adressait de longues lettres où tout y passait. Dans le but de ne pas ennuyer sa lectrice, notre épistolière s’adonnait autant aux anecdotes et commérages de Paris, de la Cour aux confidences intimes, qu’aux conseils et aux plaintes, aux gémissements de la douleur de leur séparation.
Elles se retrouvaient de temps à autre à Paris ou à Grignan et dès qu’elles quittaient la pluie du courrier reprenait. Ce flot est sans équivalent. Plus d’un millier de lettres furent retrouvées pour combien de perdues dont les réponses de Françoise.
A Paris, installée au cœur du Marais, la marquise, tout en se montrant à la Cour, veillait sur ses biens et sur son fils pour lui éviter la ruine et le discrédit dont la vie de patachon le menaçait. Elle se préoccupait encore et toujours de Françoise dont les finances et surtout son mauvais état de santé la préoccupaient. Pour arranger les affaires, elle maria Charles à la fille d'une riche famille. La ruine était parée, restait la santé.
En 1694, la marquise vint s’installer à Grignan où elle soigna Françoise avec angoisse et dévouement. Celle-ci se remettait quand, à son tour, sa mère tomba malade. Avec l'âge, elle était plus soucieuse de dévotion. C'était aussi dans l'air du temps...
La pensée de la mort ne la quittait plus. A force de la craindre pour la bien-aimée, en deux semaines, elle se laissa emporter par elle.
Dès le lendemain, Mme de Sévigné fut inhumée dans le caveau seigneurial des Grignan en la collégiale Saint-Sauveur. Sa tombe fut profanée en 1793.
Depuis, il se racontait que son crâne avait été scié pour le faire expertiser par un spécialiste de l'époque. On avait même émis des doutes quant à sa présence. En 2005, à l’occasion de travaux, le caveau fut ouvert. Parmi d’autres ossements, on découvrit effectivement un crâne scié en deux.
De nos jours, une dalle au sol indique la sépulture de celle dont les écrits restent un inestimable témoignage du siècle de Louis XIV. Sans cette "chroniqueuse", que saurions-nous de la fin de Vatel ?