Philippe V était mort ne laissant que des filles comme héritières. Succédant à son frère, auquel il s’était rallié de mauvaise grâce, et s’appuyant à son tour sur la « loi salique », Charles, comte de la Marche, écarta ses nièces du pouvoir et devint Charles IV. En tant qu'héritier de sa mère, Jeanne de Navarre, il ajouta au titre de roi de France celui de roi de Navarre. De façon maladroite, il essaya de continuer la politique entamée par son prédécesseur contre la noblesse. Il tenta de faire restituer à la couronne les domaines aliénés et retira les charges accordées à titre gratuit pour les mettre en vente.
Certes, il fallait faire face aux dépenses, payer une administration qui prenait de l’ampleur et entretenir le prestige royal, mais les moyens employés, comme les exactions et spoliations fiscales, restaient sujettes à caution.
Sous prétexte de justice contre ceux qui auraient tirer trop d'avantages financiers du règne précédent, il fit mourir sous la torture Girard la Guette, intendant des finances de Philippe V pour obtenir ses biens; les banquiers lombards furent expulsés, mais pas leurs richesses ; quant aux seigneurs coupables de brigandage, le roi les punissait et gardait leurs possessions.
La rapine royale n’était pas nouvelle : parmi d’autres, son père et Philippe V en avaient donné de beaux exemples, mais ils l’avaient fait avec plus d’intelligence et de sagesse.
En 1324, il séquestra la Guyenne anglaise conquise en partie par son oncle Charles de Valois qui, exclu du règne précédent, reprenait du pouvoir. Il accepta un traité de paix avec l’Angleterre (1327) tout en conservant d’importants territoires en Aquitaine.
Quant à son ambition de devenir empereur d’Allemagne, elle tourna au fiasco. Bref, sa mort prématurée fut un véritable soulagement pour le pays.
Consumé par la fièvre, toussant, crachant du sang, Charles s’était alité le jour de Noël1327. Face à l’impuissance de la médecine à reconnaître et à soigner le mal, une seule explication s’imposait : la malédiction lancée de son bûcher par Jacques de Molay quatorze ans plus tôt continuait son œuvre destructrice…
Débarrassé de sa première épouse, Blanche de Bourgogne, compromise dans l’affaire de la Tour de Nesles avec les frères d’Aulnay, Charles avait convolé deux fois par la suite sans qu’aucun de ses fils ne lui survive.
Dernier rejeton direct de Hugues Capet, il disparaissait sans héritier mâle. Loi salique oblige, la couronne de France échut à son cousin germain, Philippe VI, issu de la branche cadette des Valois et ce au détriment du fils d’Isabelle de France, reine d’Angleterre. La guerre de Cent Ans était en marche…
La dépouille de Charles IV fut inhumée en la basilique Saint-Denis dans un tombeau de pierre qu’on découvrit dans le caveau de Philipppe V le 22 octobre 1793. Ouvert le 24, on y trouva son corps desséché, une couronne d’argent doré, un sceptre de cuivre doré, un anneau d’argent, un reste de main de justice, un bâton en ébène et un oreiller de plomb.
Les restes du roi furent jetés dans une fosse commune avant d’être inhumés dans l’ossuaire de la basilique en 1817.
L’année même de son avènement, Philippe VI avait commandé le tombeau de son prédécesseur dont le gisant offre le portrait d’un personnage disparu depuis peu. Chacun se souvenait encore de ses traits à commencer par sa veuve, Jeanne d’Evreux qui, célèbre pour son goût des arts, pouvait contrôler la ressemblance. Si le souci de véracité est bien présent, on n’en connait pas la source d’inspiration : moulage mortuaire, portrait ad vivum, simples souvenirs ; car l’œuvre est ambigüe. La pure convention se concilie avec des formes très individualisées, comme la bouche minuscule, sous le signe d’une élégance juvénile convenable à l’évocation du défunt mort à trente-trois ans.
A ses côtés, se trouvait le gisant de sa troisième épouse, Jeanne d’Evreux.
On pouvait y lire cette inscription disparue : " Cy gist le roy Charles roy de France et de Navarre fils du roy Phelipe le Bel qui trespassa lan MCCCXXVII veille de la chandeleur et madame la royne Johane sa caompaigne fille de noble pnce mons. Loys de France jadis comte devreux."