Le dénombrement des morts fut d’abord hésitant ; certaines personnes moururent à l’hôpital ou chez elles, au bout de plusieurs jours. Si le nombre de victimes directes de l'incendie varie de façon epsilonesque suivant les sources, nul doute que les femmes payèrent le prix fort : entre 125 et 130 victimes dont 5 hommes.
Ce décalage numérique entre les sexes n’a rien d’étonnant. En plein après-midi, et pour une vente de charité, la composition de l’assistance était essentiellement féminine. En outre, le vêtement masculin était plus fonctionnel que celui des femmes pour se mouvoir au milieu du drame. La rumeur des « marquis de la poudre d’escampette » faisant preuve de lâcheté et écrasant les femmes pour s’enfuir tourna au scandale avant le rétablissement de la réalité.
A ces défunts, s’ajoutèrent des morts « collatérales » provoquées par le choc de la perte d’un(e) proche.
8 mai 1897. En présence du président Félix Faure, de nombreux membres du gouvernement, des corps constitués de l’Etat et du corps diplomatiques, les funérailles des victimes non reconnues eurent lieu à Notre-Dame de Paris. Diverses victimes étant apparentées aux familles du Gotha européen, de nombreuses personnalités françaises et étrangères assistèrent à la cérémonie où se firent représenter comme le tsar ou l’empereur d’Allemagne.
Les services funèbres s’enchainèrent dans différentes églises parisiennes dont les caveaux conservaient les dépouilles de défunts inhumés plus tard ou en province. Souvent, à peine un convoi quittait-il l'église qu'étaient célébrées les obsèques suivantes.
Les corbillards défilaient à la queue-leu-leu, tout empanachés et fleuris.
Une semaine noire. Comme la ville tout entière, le ciel semblait porter le deuil : il faisait gris, les averses étaient frileuses, et ce joli mois de mai aimé des poètes commençait de façon bien lugubre.
Tandis que les républicains voyaient dans la tragédie la preuve de l'inexistence de Dieu - l'incendie ne s’était-il pas déclaré juste après la bénédiction du nonce et dans un endroit catholique voué à la charité ? - les familles en deuil y percevaient le dessein de Dieu qui avait permis qu’elles soient confrontées à de si dramatiques épreuves. Désirant se tourner vers celle qui montre la voie de l’espérance, elles firent édifier sur les lieux-même de l'incendie une chapelle sous le vocable de Notre-Dame-de-Consolation. Les travaux du mémorial furent confiés à Albert Guilbert qui, en deux ans, réalisa un monument de style néo-classique.
Consacrée trois ans après l’incendie, l’intérieur s’orne notamment de cénotaphes individuels ou communs. Y sont conservés des objets retrouvés dans les décombres.