Dernier grand sénéchal de Normandie de la mort de son père (1494) à 1499, maître des chasses royales, à la tête de nombreux domaines et d'une immense fortune, présent à Marignan, sa fidélité à François Ier lui valut une influence certaine à la cour. Et lorsqu’il découvrit un complot contre le roi, en 1523, en ignorant certes que son beau-père, Jean de Poitiers, en faisait partie, Louis brossa au roi les grandes lignes de cette affaire. In extremis, la tête quasiment sur le billot, Jean de Poitiers bénéficia de la clémence royale.
Louis avait encouragé le mariage du prince Henri,futur Henri II, avec la petite nièce du pape, Catherine de Médicis. Et ce fut à Anet, chez Louis de Brézé et devant lui que, le 23 avril 1531, le roi prit connaissance du contrat de mariage.
Louis de Brézé mourut en son château d’Anet. Mort qui affecta sincèrement sa femme mais aussi François Ier très attaché au grand sénéchal. Diane décida de lui organiser de grandioses funérailles qui eurent lieu le 18 août. Et, obéissant à un rituel quasi royal, elles le furent.
Après tout un cérémonial et une veillée funèbre toute une nuit accompagnée d’une litanie de prières, Louis de Brézé fut inhumé dans le caveau familial, près de son grand père, Pierre de Brézé. Un par un les officiers y déposèrent les insignes et les armes du défunt, à l’exception des riches vêtements et des armes dont l’effigie était parée et sur lesquels les chanoines se précipitèrent comme des chiffonniers pour se les approprier. Devant cette indécence, Diane dut transiger avec les religieux qui lui rendirent leur butin contre trois-cents écus d’or !
Le monument funéraire que Diane fit ériger dans chapelle de la Vierge de la cathédrale de Rouen est attribué à Jean Goujon (aucune certitude à ce sujet). Magnifique mausolée d’un style Renaissance à son sommet, il échappa aux affres des guerres de religion et de la Révolution.
Mélange d’albâtre et de marbre noir et blanc, Louis de Brézé y est représenté deux fois : en costume de guerre sur un cheval caparaçonné, et en gisant, ou « transi », en marbre blanc, veillé par Diane agenouillée dans le costume des veuves. Sur les côtés, quatre cariatides groupées par deux représentant à droite la Prudence et Gloire et à gauche la Victoire et la Foi. A ses pieds, se trouve la Vierge et l'Enfant autrefois ornés de bougies, de figurines et de prières.
Une inscription sur la gauche du monument dit :
« O Louis de Brézé, ce tombeau a été construit par Diane de Poitiers, désolée de la mort de son époux. Elle te fut inséparable et très fidèle épouse Autant elle le fut dans le lit conjugal,Autant elle le sera dans le tombeau ».
Intention fort louable, mais ne faut-il pas s'abstenir de dire : « Fontaine, je ne boirai jamais de ton eau »…
Son coeur fut porté près de ses père et mère en l’abbaye de Coulombs (Eure-et-Loir) puis, en 1816, il fut déplacé, en même temps que les cendres parentales, dans une tombe invisible de la chapelle des fonds baptismaux de l'église de Saint-Chéron de Nogent-le Roi (Eure-et-Loir).