Avril 1792. Après que les chartreux eurent été chassés de la chartreuse, les trois caveaux composant la crypte ducale furent profanés.
Caveau 1, commandé en 1381 par Philippe le Hardi :
- Philippe le Hardi
- Catherine de Bourgogne (1378 – 1425), fille de Philippe le Hardi et épouse de Léopold d’Autriche
- Catherine (1400-1414) et Isabelle de Penthièvre (vers 1403-1412) , filles de Jean sans Peur, mortes avant la construction du caveau de leur père.
Caveau 2, commandé en 1443 par Philippe Le Bon pour son père Jean sans Peur :
- Jean sans Peur
- Marguerite de Bavière, son épouse
Caveau 3
- Philippe le Bon
- Bonne d’Artois, sa seconde épouse
- Isabelle de Portugal, sa troisième épouse
Soit 9 cercueils au total
Le laxisme du Directoire du département dura jusqu’en mars 1792. Le nouveau propriétaire de la chartreuse impatient de prendre possession de son bien, on donna enfin l’ordre de transférer les restes mortels des ducs et des leurs dans deux cryptes situées sous les tours de la cathédrale Saint-Bénigne.
Mais, les entrepreneurs chargés de ce transfert s’estimant mal payés, s’acquittèrent de leur mission d’une façon « désinvolte voire scandaleuse » : l’un d’entre eux, Deleu, aurait décidé de se payer avec le plomb de huit cercueils, ne conservant que le neuvième pour y entasser les ossements provenant de tous cercueils, enfin presque car selon Deleu, le corps de Philippe le Bon avait disparu probablement en 1791. Nous voilà donc avec huit cadavres.
Anecdotique, direz-vous, sauf que depuis le mystère plane et que la polémique fait rage sur l’emplacement des restes de Jean sans Peur.
1841 : Voulant s’assurer que la dépouille de Philippe le Bon avait hélas bien disparu, la Commission des Antiquités du département de la Côte d’Or réclama une exhumation ainsi que des cérémonies pour rendre aux Grands ducs d’Occident les honneurs funèbres dont ils avaient été lors de leur transfert.
Un témoin du transfert de 1792, indiqua alors l’endroit exact où les restes ducaux avaient été jetés dans le sous-sol de la cathédrale.
L’autorisation est accordée en juin 1841 par le ministère des Cultes. Les prospections commencèrent.
22 juillet 1841 : on pénétra dans le caveau, sous la tour méridionale de la cathédrale, où se trouvent les fonts baptismaux et où était réputé le cercueil de Philippe le Hardi qu’on trouva sous de décombres.
Il mesurait 1,76 mètre. Le duc était vêtu d’une robe de chartreux. Après inspection et prise de notes, on le remit en place.
On fit de de même sous la tour nord suuposée héberger les restes de Jean sans Peur.
1848 : on retrouva dans l’ancienne église des Célestins les restes mortels d’Anne de Bourgogne, duchesse de Bedford qu’on inhuma par la suite dans le caveau de Philippe le Hardi.
1904. Depuis 1841, des érudits contestaient les interprétations de l’époque. A l’occasion de travaux, on rouvrit le cercueil de Philipe le Hardi pour trouver…un corps de femme ! Celui la duchesse de Bedford ?
Devant ce coup de théâtre, l’identification faite de Jean sans Peur en 1841 fut remise en cause.
Bref, qui était qui, où était qui, et la dépouille de Philippe le Bon réputée disparue, ne pourrait-elle pas être là ? A ce sac de nœuds, si vous rajoutez les témoignages différents des uns et des autres sur les caveaux d’inhumations : tour nord, tour sud, sous les fonts baptismaux…
Je vous fais grâce de la suite des détails de cet imbroglio auquel seule une expertise scientifique pourrait mettre fin.
En attendant cette éventualité, une plaque près des fonts baptismaux se contente de rappeler qu’une partie des restes des ducs de Bourgogne et des membres de la famille ducale reposent là.