Anne Martinozzi, comme tout ce bataillon des fameuses nièces, était jolie. Elle fut demandée en mariage par le prince de Conti, qui venait d'abandonner à Bordeaux les restes de la Fronde vaincue, s'était retiré dans son gouvernement de Languedoc et aspirait à faire la paix.
Quoiqu'il répugnât d'abord d'épouser la nièce de son ennemi personnel, il finit par le désirer vivement. De son côté, la nièce du cardinal eût préféré le duc de Candole, qui l'avait antérieurement demandée ; mais on fit taire ses préférences, tant il importait au ministre de s'allier à un prince du sang.
La princesse de Conti n'eut pas l'existence tapageuse de ses cousines ; elle était pieuse, austère même et portée au jansénisme.
Comblée de richesses et d'honneurs, elle aurait vécu plus volontiers dans un couvent qu'à la cour, si on l'eût laissée libre de suivre ses goûts. Ce fut surtout après une maladie dont elle faillit mourir que ses idées mystiques s'exaltèrent. Elle réforma ses toilettes, renonça aux bijoux et décida son mari à vivre dans le mariage comme dans le célibat.
Un soir, Louis XIV voulut lui murmurer à l'oreille quelques paroles galantes ; elle fit un tel éclat que le crédit de son oncle en fut un moment ébranlé. Devenue veuve à vingt-neuf ans, elle refusa de se remarier, afin de se livrer tout entière à ses pratiques de dévotion. Elle ne survécut, du reste, que quatre ans au prince de Conti. Elle mourut d’apoplexie nimbée d’une réputation de sainteté.
Selon sa volonté, elle fut inhumée dans l’église de sa paroisse. Son cœur et ses entrailles durent respectivement déposés chez les Carmélites de la rue Saint-Jacques et à Port-Royal-des-Champs. A la destruction de cette abbaye l’urne contenant ses entrailles revint à Saint-André-des-Arts.
Anne Martinozzi eut un fils inhumé dans son caveau :
Après la profanation de sa sépulture à la Révolution, ses restes furent déposés aux Catacombes en février 1794.