Grâce, d’une part, à Mme Tallien qui l’introduisit dans les salons parisiens où elle charma son monde et à Barras qui lui présenta Bonaparte en 1795, les incertitudes et la peur de l’avenir se dissipèrent peu à peu. Dans un tourbillon de plaisirs, les mauvais et tristes souvenirs des uns et des autres furent relégués dans des tiroirs qu’on espérait ne plus jamais ouvrir. Bonaparte, tout auréolé de la gloire de Vendémiaire, fut lui aussi séduit par cette créole de souche aristocratique si pétillante.
Ils se marièrent le 9 mars 1796. Mais, Bonaparte, jaloux, n’entendait pas laisser son épouse papillonner dans les salons parisiens durant ses campagnes. Il la fit venir à Milan. Elle ne le rejoignit pas en Egypte : un « accident » l’en avait empêchée…Furieux, Bonaparte avait bien songé à divorcer pour laver son honneur écorné, mais Joséphine sut regagner son affection à son retour. Son ascension continua à suivre celle de sa moitié qui ne lésina pas.
Hélas, devenue Impératrice, c’est en vain qu’elle tenta de mettre au monde l’héritier napoléonien. Cruelle déconvenue que ne pouvait accepter son impérial époux bien décidé à fonder une dynastie. Napoléon, pour avoir déjà engrossé une maîtresse et Marie Walewska, ne pouvait remettre en cause sa virilité. Il demanda le divorce en 1810. Bien qu’il le fît la mort dans l’âme et qu’il dotât largement Joséphine retirée dorénavant à la Malmaison, il ne pouvait ignorer la douleur qu’elle éprouvait et que lui imposait la raison d’état. Néanmoins, ils conservèrent de très bonnes relations et, bien que tempêtant, Napoléon payait les dettes astronomiques de Joséphine qui dépensait des fortunes sans compter.
La vie suivit son cours. Hortense, en épousant Louis Bonaparte devint reine de Hollande et mère du futur Napoléon III. Eugène convola avec Augusta, la fille du roi de Bavière.
Quatre ans après son divorce, la maladie l'emportait des suites d'un méchant refroidissement au château de St-Leu , la maladie l’emportait. Elle allait avoir cinquante-deux ans.
Sa dépouille mortelle fut exposée dans le vestibule de la Malmaison où 20.000 personnes vinrent lui rendre un dernier hommage.
Joséphine, témoin de la fin de cet Empire dont elle fut un pilier eut, quelque part, le tact de disparaître en même temps que lui en ignorant la chute à venir de celui qui l’avait créé.
Le 2 juin, elle fut inhumée dans l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Rueil-Malmaison où la rejoignit Hortense des années plus tard.
Son tombeau, à droite du chœur, est en marbre blanc. L’impératrice, agenouillée en costume de cour, est représentée dans la célèbre pose du tableau du Sacre par David. La reine Hortense lui fait face. A côté, on peut voir un petit mausolée élevé à la mémoire de son oncle, Robert Tascher de la Pagerie, gouverneur de la Martinique. Voir aussi, ci-après, la tombe de sa mère, Rose Claire des Vergers de Sannois.