Mais rien n’y fit, la médisance traversa les siècles traînant avec elle ses interrogations auxquelles personne ne peut répondre puisque le fameux acte de baptême n’a jamais été retrouvé comme d’ailleurs celui de Joseph et de Geneviève Béjart.
Comme seule la récupération de ce document permettrait de clore le débat, on a pas fini d'en parler...
A la grande tristesse de Madeleine Béjart, Molière troussait une actrice, la Debry, quand il tomba amoureux d’Armande, de vingt ans sa cadette, qui suivait la troupe depuis quelques temps. Surmontant moult difficultés, il l’épousa le 12 février 1662. En 1663, elle fit ses premiers pas sur scène sous le nom de Mlle Molière avant de créer les premiers rôles féminins tels que celui d'Elmire, dans Le Tartuffe, d'Angélique, dans Le Malade imaginaire, etc.
Sans être belle, Armande était piquante et capable d’inspirer une grande passion.
Que n’a-t-on pas écrit sur le ménage Molière ! Armande fut-elle une coquette imprudente ou vraiment infidèle ? A sa décharge, ne s’étant pas mariée par amour, son quadragénaire de mari, morose, songeur, affairé et jaloux n’engendrait pas la joie au logis. Et Molière n’était pas auréolé de la gloire qu’on lui connait aujourd’hui… Quoiqu’il en soit, elle était présente à son dernier soupir et ne ménagea pas sa peine pour lui obtenir un lieu de sépulture décent.
Après la mort de Molière, Jean-Baptiste Lully fit en sorte de chasser la troupe du Palais Royal. Armande et La Grange installèrent la troupe rue Guénégaud qui fusionna avec celle du Marais. Tous deux veillèrent à la survie de l’œuvre de Jean-Baptiste. Dans son théâtre, elle continua à interpréter les rôles qu'il avait écrits pour elle, comme à la Comédie Française dont elle fut sociétaire dès sa création en 1680.
En 1677, enceinte de ses œuvres, elle se remaria avec le comédien Isaac François Guérin d’Estriché avec qui elle connut une vie de couple simple et heureuse faisant les beaux jours de l’hôtel Guénégaud.
Armande se retira des planches en 1694 et mourut à son domicile parisien de la rue de Touraine, aujourd’hui rue Dupuytren. Elle fut inhumée le 2 décembre en l’église Saint-Sulpice.
Les sépultures de l'église furent profanées durant la Révolution, laissant sur le sol des milliers d'ossements. Ceux d'Armande s'y trouvaient très certainement.
Isaac François Guérin d’Estriché joua jusqu’à ses quatre-vingt ans. Il fallut une attaque d’apoplexie pour qu’il acceptât enfin de se retirer. Il mourut en 1728 doyen de la Comédie française.