A son arrivée, sur les conseils d'un prisonnier, elle déclara avoir plus de 18 ans, ce qui lui évita l'extermination. Son travail consista à « décharger des camions d'énormes pierres » et à « creuser des tranchées et aplanir le sol ». Une ancienne prostituée devenue kapo, la trouvant trop belle pour mourir, lui sauva la vie en la mutant à Bobrek, une annexe d'Auschwitz.
Lors de l'évacuation du camp de Bobrek devant l'avancée de l'Armée rouge, le 18 janvier 1945, les SS emmènent leurs prisonniers dans la tristement célèbre marche de la mort allant à Bergen-Belsen où elle fut affectée en cuisine. Sa mère fut emportée par le typhus et sa sœur sauvée de justesse par l'arrivée des alliés en 1945.
De retour en France, elle choisit de taire ses souvenirs de déportation. Elle épousa Antoine Veil, un futur inspecteur des Finances (1946) et donne naissance à trois fils.
Nantie d'une licence en droit et d'un diplôme de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, elle obtint le concours de la magistrature (1956) et prit en charge les affaires judiciaires comme haut fonctionnaire de l'administration pénitentiaire. En 1970, elle devint secrétaire général du Conseil Supérieur de la Magistrature.
Après la mort de Georges Pompidou et l'élection de Valéry Giscard d'Estaing, elle fut nommée ministre de la Santé sous le gouvernement de Jacques Chirac et le reste sous les gouvernements de Raymond Barre. Connue pour son fort caractère et son exigence à l'égard de ses collaborateurs, son combat pour les femmes fut un défi à sa hauteur. En 1974, chargée de présenter un projet de loi dépénalisant l'avortement, malgré les foudres, les quolibets et les propos parfois orduriers d'une partie de la classe politique, elle conduisit ce projet de loi sans faillir. Le texte fut adopté le 29 novembre 1974 et entra en vigueur le 17 janvier 1975.
S'ouvrit ensuite un épisode important dans sa carrière politique, un nouveau défi, celui du d’unification européenne. Tête de liste UDF lors des élections de 1979, elle fut élue première présidente du Parlement européen au suffrage universel direct jusqu'en 1982. Elle resta députée européenne jusqu'en 1993 avant d'être nommée Ministre d'État des Affaires sociales dans le gouvernement d'Édouard Balladur (1993-1995) et de terminer sa carrière au Conseil constitutionnel (1998-2007). Présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, (2000/2001-2007), dont elle resta présidente d’honneur par la suite, elle fut reçut à l'Académie française (2008).
Promue Grand Officier de la Légion d'Honneur (2009), elle se retira définitivement de la vie publique après les décès successifs de son mari et de sa sœur, Madeleine.
Dès son décès, un appel fut lancé par des personnalités politiques pour son inhumation au Panthéon. Mais, cette perspective n'étant pas à l'ordre du jour pour des membres de la famille, elle rejoignit la tombe de son époux au cimetière du Montparnasse après un hommage national et les honneurs militaires aux Invalides.