« La nature, prodigue à son égard, lui avait donné une taille majestueuse, une belle figure et toutes les grâces qui séduisent ».
Roi de l’an mil, Robert était déjà un homme adulte pour l’époque lorsque son père fut élu roi. Ce fils unique de Hugues Capet, associé au pouvoir dès la fin de 987, a laissé le souvenir d’un roi dévot et d’une grande charité. Mais son histoire fut aussi chargée de déboires matrimoniaux lourds de conséquences.
D’abord marié à Rozala, il l’a répudia pour épouser sa maîtresse, Berthe de Bourgogne. Malheureusement, Berthe se trouvait être sa cousine et la mère d’un enfant d’un premier mariage dont Robert était le parrain. Eléments suffisants pour que la papauté, poussée par des tiers, déclare l’union illégitime.
Mais Robert refusa de quitter son grand amour. Et la papauté de brandir son argument choc : l’interdit. Non seulement le roi en était frappé mais aussi tout le royaume. En ces temps de grande religiosité nourris par l’atmosphère millénariste, cette sanction, qui interdisait tous les sacrements, était terrible. Résistant malgré tout pendant quatre ans, Robert céda. Entre temps, Rozala s’étant faite nonne il ne put la reprendre. Alors il convola avec Constance de Provence.
Durant son long règne, Robert dut faire face aux premiers hérétiques cathares, les Bogomiles, aux premiers bûchers, aux féodaux qui pillaient le domaine royal, à des famines -au cours desquelles un tiers de la population disparut-, à des révoltes de serfs, …et encore à Constance qui soutenait les prétentions de son fils cadet, Robert, contre son fils aîné, Henri, qui succéda malgré tout à son père.
Sa bonté, sa charité pour les pauvres « qu'il nourrissait et soignait avec un zèle que l'amour de Dieu » l’avaient fait adorer du peuple. Elevé à Reims où enseignait Gerbert, le plus grand savant d’Occident, sa culture, supérieure à celle des grands laïcs de son temps, sa loyauté et sa piété lui valurent l’estime des savants, des grands et des ecclésiastiques. Ce fut donc avec tristesse que chacun apprit sa mort survenue à Melun.
« Il fut du petit nombre de ces rois qui, après un long règne, ont pu, au lit de mort, se rendre le témoignage qu'ils ne sont en rien comptables des malheurs que les peuples ont éprouvés sous leur gouvernement ». On ne pouvait rendre plus grand hommage à ce roi oublié mais objet d’une historiographie si bienveillante qu’il est difficile d’avoir une lecture réelle de son action.
Alors qu’il séjournait à Melun, il fut pris d’une forte fièvre, s’alita et mourut. Accompagné d’un cortège funèbre en larmes résonnant de lamentations, Robert II le Pieux fut inhumé en la basilique Saint-Denis, devant l’autel de la Trinité, à proximité de son père.
Jusqu’en 1263, sa tombe resta sans inscription ni ornement. En commandant de nouveaux tombeaux pour plusieurs rois carolingiens et capétiens, Louis IX offrit à son ancêtre une sépulture enfin digne de ce nom. Deux ans plus tard, Constance d'Arles l'y rejoignit.