En 1465, après avoir obtenu que ces derniers soient chassés de la cour ducale, Charles détint alors la réalité du pouvoir bourguignon. Lorsque Philippe le Bon mourut (1467), Charles devint officiellement duc de Bourgogne et prêt à tout pour défendre ses domaines en but à la convoitise de Louis XI dont il se déclara affranchit de la suzeraineté en 1471. S'affranchir de Louis XI, quelle inconscience !
Son obsession de vouloir constituer à tout prix (aux dépens de ses voisins allemands, lorrains et autrichiens) le grand royaume rhénan dont il rêvait, lui valu d’être surnommé « le Téméraire » par les cours européennes en raison du caractère démesuré de ses ambitions.
Aveuglé par son entêtement, en 1473, il tenta d’obtenir de l'empereur Frédéric III la constitution de la Bourgogne impériale en royaume, en échange du mariage de sa fille avec le fils de Frédéric.
Cette volonté de puissance inquiéta l'empereur, qui se tourna alors vers Louis XI pour faire obstacle au dessein du Bourguignon. Le roi de France, trop habile pour se lancer dans une guerre directe contre la Bourgogne, finança alors, en 1474, une révolte des cités alsaciennes appuyée par les cantons suisses dotés d'une armée redoutable.
Pour mener à bien son projet, Charles dilapidait ses ressources et celles de ses Etats qui rechignaient de plus en plus à financer son effort de guerre. Tout pétri de chevalerie, il se refusait à admettre le pouvoir grandissant des riches bourgeois de Flandre et de ses autres provinces, envers lesquels il ne manifestait aucune considération.
Alliances redoutables contre lui, résistance au financement de ses ambitions, Charles l’ignorait mais c’était le début de sa fin.
Furieux et amer, il décida de châtier tous ses adversaires. Il lança d'abord sa puissante armée vers Cologne, mais échoua devant Neuss. De plus en plus harcelé par la coalition montée par le roi de France, et alors que la Bourgogne, la Picardie et la Lorraine étaient ravagées, il passa en Suisse.
En 1476, il réussit à enlever la Lorraine au duc René II. Après un revers à Berne, où Charles fit pendre plusieurs dizaines de soldats capturés, les Suisses, galvanisés, lui infligèrent deux défaites majeures : Grandson (mars 1476), Morat (juillet 1476).
Apprenant le retour dans son duché de René II, qui venait de signer un traité d'alliance avec la France, fou de rage et en pleine débâcle des Bourguignons, Charles se dirigea au triple galop vers la Lorraine avec les restes de son armée pour assiéger Nancy.
Face à l’écrasante supériorité des troupes ennemies, il aurait dû se retirer. Il ne le fit pas. Trahi de surcroît par l’un de ses lieutenants, le Téméraire trouva la mort lors d’une opération devant St-Nicolas-de-Port. Parmi la soldatesque anonyme, personne ne saurait dire qui lui asséna le coup fatal.