Entre temps, il prit Lille en neuf jours et dirigea les sièges de Tournai et de Douai. Apprécié par Colbert mais aussi par Louvois, il réussit le tour de force d’être l’homme de confiance de l’un et de l’autre.
A partir de la paix d’Aix la Chapelle (1668), il commença une vie errante qui dura presque jusqu’à sa mort : pendant trente-neuf ans, il construisit la clôture du royaume tout en continuant à se distinguer au combat. Sans établir une liste exhaustive de ses hauts faits de guerre, rappelons qu’il prit Dole et Besançon (1674), dirigea le siège de Maastricht (1675), enleva le Luxembourg (1684), réputé imprenable, Mons, Namur, avec si peu de perte côté français que le roi l’invita à dîner, etc.
Au siège de Charleroi, selon ses idées, les premières attaques en colonne au pas de course avec système baïonnette/mousquet permettant de tirer tout en conservant l’extrémité de l’arme fut d’une grande efficacité.
Pour résumer, Vauban dirigea remarquablement plus de cinquante sièges…
Soldat d’un courage incontestable, il s’exposait toujours en première ligne. Louis XIV eut beau ordonner à ses généraux de le protéger, Vauban réussissait toujours à s’échapper pour se jeter au plus fort du danger. Il reçut son bâton de maréchal de France en 1703.
Pour cet homme si savant, le Génie n’était pas une affaire de système, mais d’observation, d’expérience et de bon sens : il existait une façon de fortifier une place ou de l’attaquer différente pour chacune et il était impossible de formuler des règles générales. Ce furent les théoriciens et les historiens qui, par la suite, parlèrent des « trois systèmes » de Vauban comme on aurait pu parler de quatre, cinq ou six…
En construisant près de quarante nouvelles places fortes ou en en remaniant plus de trois cents, il en fit non seulement des fortifications adaptées au progrès de l’armement mais créa aussi de véritables ouvrages d’art.