Cet édit de Saint-Germain-en-Laye (15 mars 1667) que présenta Colbert à Louis XIV marqua un tournant capital dans l’histoire de la police dont il constitua l’acte fondateur. Il résultait de l'évolution des mœurs françaises depuis des siècles en matière de sécurité publique. En envisageant une approche globale de la criminalité on clarifiait une situation héritée du Moyen Âge.
Pour la première fois, la charge de lieutenant de police avait pour but de créer un pouvoir autonome veillant à la bonne marche de la cité, quelque pression qu'il puisse subir.
Investi de cette indépendance et de la confiance du roi, La Reynie allait effectuer une vraie révolution en la matière.
Intelligent, énergique et travailleur, en s’appuyant sur des bureaux (métiers, marchés, écoles, archives, etc.), sur un réseau d'indicateurs rémunérés et sur les forces de l'armée, soit la maréchaussée d'Ile-de-France, soit la garde de Paris, il put réorganiser la sécurité de la capitale.
Paris lui doit la réorganisation du guet, l’éclairage de ses rues qui servit à les rendre plus sûres, l’amélioration de leur nettoyage, leur pavage, les premières règles de circulation et de stationnement, son adduction d'eau, etc.
La capitale lui doit aussi la disparition de la célèbre cour des miracles où s’entassaient une bonne partie de la crapule parisienne.
Plus difficile, il réussit à mettre au pas le gouverneur de Paris, les titulaires de fiefs enclavés dans la ville, le Parlement habitué jusque-là à prendre des arrêts de règlement en matière de police, le prévôt des marchands et la municipalité parisienne.
Bref, par toutes ses actions, il rétablit l’autorité royale.
Conseiller d’Etat semestre (1680) puis ordinaire (1698), il présida la chambre ardente chargée de l’affaire des poisons. Après 1685, il pourchassa sévèrement les protestants parisiens.
Après trente ans de lieutenance, il quitta sa charge pour devenir vice-doyen du Conseil.
Parti de rien, il avait réussi à faire de sa charge « une sorte de ministère, par la confiance directe du roi, les relations continuelles avec la cour et le nombre de choses dont il se mêlait ».
Modeste et désintéressé, il avait demandé à être inhumé dans le cimetière Saint-Joseph et non en l’église Saint-Eustache dont il dépendait, de façon que « son corps ne contribue pas à l’infection de l’air dans le lieu où les saints mystères sont célébrés ». Selon son souhait, on l’enterra sans aucune pompe.
Fermé en 1781, des ossements furent portés aux Catacombes en 1787. La tombe de notre policier de choc disparut-elle à ce moment là ?