Homme d’action et d’autorité, il observait et expérimentait avec une curiosité et une imagination remarquables affirmant ainsi très tôt des talents certains de biologiste dont le 20ème siècle révéla la précocité. En avançant des hypothèses très originales pour son époque, il est également souvent regardé comme un étonnant précurseur en génétique Entre autres, il insista sur ce que nous nommons de nos jours la mutation. Ses conceptions préfiguraient un transformisme très proche de Darwin.
Etudiant tout azimut, ses pôles d’intérêt n’en sont pas moins marqués par quelques dates déterminantes dans sa carrière. En 1728, un séjour à Londres lui fit découvrir les idées de Newton, en particulier l’attraction universelle, dont il devint un ardent propagandiste en France.
Membre de l’Académie des sciences depuis 1723, en 1736 celle-ci le chargea de diriger une expédition en Laponie dont il revint avec des mesures confirmant l’hypothèse de l’aplatissement de la Terre à ses deux pôles. Un vrai triomphe !
Dans Accord des différentes lois de la nature qui avaient jusqu’ici paru incompatibles (1744), il énonça le principe de moindre action (le chemin de la lumière est celui pour lequel la quantité d’action est la moindre) qu’il érigea en loi universelle de la nature.
Admis à l’Académie française (1743), en 1745 il fit paraître un écrit fondamental, La Vénus physique, ouvrage destiné à séduire un public curieux de sciences, très à la mode dans les salons parisiens qu’il fréquentait. Sous une forme charmante, mêlant le pittoresque à la galanterie, il en profita pour y glisser des réflexions et des hypothèses comme sur l’hérédité et ses problèmes.
En 1746, il accepta l’invitation de Frédéric II qui, sur les conseils de Voltaire, lui confia la direction de l’Académie royale des sciences et des belles-lettres de Prusse qu’il conserva jusqu’à l'année précédant sa mort. Son ascension sociale fut parachevée par un brillant mariage avec Eléonore de Boerke issue d’une importante famille administrative prussienne.
Vivant alternativement en France et en Allemagne jusqu'en 1758, à cette date la maladie le contraignit à demander un congé définitif.
Après être resté quelque temps dans le sud de la France pour soigner sa santé déclinante, il décéda à Bâle chez le fils de son ami le physicien Jean Bernoulli.
Avant de mourir, il abjura ses idées philosophiques, ce qui provoqua une grande irritation chez Voltaire.
Passionnante réalité de la science française qui assura le prestige du savoir et de la réflexion cartésienne dans l’Europe du 18ème siècle, Maupertuis mériterait d'être mieux connu du grand public.
Maupertuis eut une première tombe en l’église de Dornach (Suisse). En 1826, à la demande de sa famille, ses restes furent transportés en l'église St Roch où se trouvait un monument exécuté en son honneur par d'Huez en 1766 et où reposait déjà son père, René Moreau de Maupertuis, dans un caveau de la chapelle de la Vierge.