Les cimetières
Laissons de côté les quelques cimetières inclus dans l’enceinte d’abbayes, couvents, etc,. dont le sort fut réglé en même temps que la vente des terrains des communautés religieuses, pour ne nous intéresser qu’aux cimetières « traditionnels ».
Tous dépendaient d’une paroisse ou, pour un moindre nombre, d’établissements hospitaliers et/ou d’hospices. On en compta jusqu’à environ 80 répartis dans un Paris aux limites bien plus réduites que celles actuelles.
A l’origine, la grande majorité des cimetières dits paroissiaux jouxtaient une église. Leur superficie pouvait fluctuer en fonction des besoins : augmentation avec l’accroissement des paroissiens, mais aussi diminution lorsque des travaux d’agrandissements, ou la reconstruction de l’église, empiétaient sur le terrain.
Par une nécessité due au développement de leur population, les plus importantes paroisses de Paris (Saint-Eustache, Saint-Sulpice, etc.) durent trouver d’autres terrains. Le cimetière affichant complet était alors fermé, et ainsi de suite jusqu’au cimetière encore en service à la Révolution. Sauf son lot d’exceptions, les tombes individuelles n’étant pas nombreuses car souvent non autorisées, les inhumations se faisaient en fosses communes capables d’absorber des centaines de corps. D’une surface variable, elles pouvaient atteindre 5 mètres de profondeur. Une fois pleine, on en creusait une autre.
Comme déjà évoqué en début d’article, le scandale du cimetière des Innocents en 1780 provoqua la mise en place d’une nouvelle politique avec l’ouverture, pour des raisons sanitaires, de cimetières extra-muros du Paris de l’époque. En 1791, l’Assemblée Constituante transféra la propriété des cimetières aux autorités communales. La fermeture des anciens cimetières fut assez rapide, mais la vente de leurs terrains comme bien nationaux ne devaient intervenir que dix plus tard, et ils ne furent remplacés que très progressivement.
Passons sur les détails et quelques particularismes pour en arriver à l’essentiel.
Que les cimetières aient été vidés de leurs occupants avant ou après la Révolution, le résultat fut identique : on se retrouva à devoir déblayer des milliers de corps entassés dans des fosses, parfois depuis plusieurs siècles. Comme dans les églises, le travail s’effectua à coups de pioches et de pelles. Tâche colossale qui nécessita plusieurs campagnes d'exhumations étalées sur des décennies pour au moins les cimetières les plus importants. L’exemple le plus impressionnant reste le cimetière des
Innocents : 1786, 1788, 1808, 1809, 1811, 1842, 1844, 1846, 1859 et 1860, sachant qu’un marché fut installé sur son emplacement dès 1788, et qu’en 1860 on en retira encore 813 tombereaux d’ossements lors de travaux.