PRINCE Albert (1883 – 20 février 1934)
Cimetière d’Yzeure (Allier)
Le 25 décembre 1933 éclatait l’affaire Stavisky, la plus retentissante de l’entre-deux-guerres. Le 8 janvier 1934, le corps de Serge Alexandre Stavisky était découvert dans un chalet à Chamonix sans qu’on ne puisse jamais déterminer s’il s’agissait d’un suicide ou d’un assassinat.
A l’origine de l’affaire Stavisky, une enquête menée notamment par un homme, Albert Prince, dont la carrière judiciaire avait débuté en 1907 au parquet de la Seine.
Après la Première Guerre mondiale, où il s’illustra, fut décoré, puis fait prisonnier, il reprit ses fonctions. Nommé procureur de la République à Troyes (1922), il resta à ce poste environ trois ans avant d’être nommé responsable de la section financière du tribunal de la Seine, à la fin des années 1920. C’est dans ce cadre qu’il commença à enquêter sur les escroqueries de Stavisky.
Un bon mois après la mort de ce dernier, il s’apprêtait à déposer ses conclusions quand, le 20 février 1934, son corps déchiqueté était retrouvé sur la voie ferrée près de Dijon, au lieu-dit La Combe-aux-Fées. L’affaire Prince, qui se révéla un scandale d’Etat, venait de commencer.
Les premières constatations sur place, et par la suite, conclurent au suicide. Problème, et pas des moindres, les documents contenus dans la serviette du magistrat avaient disparu. Que contenait-elle ? Des éléments pouvant menacer de hautes instances, voire le gouvernement déjà mis à mal ? Des révélations plus importantes que celles déjà connues mettant en cause d’autres affairistes ou politiciens corrompus ? On ne le saura jamais et, encore à ce jour, faute de preuves matérielles pour son contraire, la thèse officielle reste le suicide. Celle de l’assassinat, qui avait le soutien de toute la magistrature et d’une partie de la presse, fut ensuite poursuivie non seulement par la police française mais par des journaux qui s’adjoignirent les services de membres de la police britanniques et de détectives privés. Pour la petite histoire, Georges Simenon, déjà célèbre pour son personnage de « Maigret », mena ses propres investigations.
Le premier à être chargé de l’enquête fut l’inspecteur principal Bonny qui, missionné dans toutes les affaires criminelles et politiques depuis plusieurs années, concluait, en mars 1934, à un crime politico-mafieux en désignant trois caïds du milieu. Bonny, celui-là même qui avait officié de façon douteuse dans l’affaire Seznec, qui faisait l’objet de plaintes pour ses méthodes de chantage et de corruption pour lesquelles il fut révoqué de la police en janvier 1935. Celui-là même qui, sous l’Occupation, actif collaborationniste, se rendit sinistrement célèbre.
On passera sur les centaines de témoignages, les éléments mis à l’écart, les expertises et contre-expertises, les affaires dans l’affaire, les zones d’ombre, etc. Internet propose plusieurs lectures de l’affaire pour tenter de se forger une opinion.
Et bien non, jusqu’à ce jour le mystère du conseiller Prince n’a jamais été éclairci et demeure une des grandes énigmes policières du 20ème siècle. Reste les confidences de Pierre Bonny faites à son fils et au médecin de la prison avant son exécution, en décembre 1944, par lesquelles il reconnaissait avoir monté le guet-apens destiné à « défendre la République »…
En 2034, le dossier judiciaire de l’affaire sera communicable au public. Y trouvera-t-on des éléments aidant à la vérité, ou aura-t-il été « allégé » ?
Après son autopsie, le corps d’Albert Prince fut déposé dans la maison retraite où vivait sa mère. Une foule recueillie assista à la levée du corps pour ses funérailles en la cathédrale Ste-Bénigne de Dijon en présence de personnalités A l’issue de la cérémonie, Albert Prince prit le chemin du cimetière d’Yzeure où il fut inhumé dans la tombe familiale.
11 janvier 2016
TOMBES SÉPULTURES DANS LES CIMETIÈRES ET AUTRES LIEUX
par Marie-Christine Pénin
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