Conseiller du roi, « cet homme intelligent, rétablit les monnaies, invente en finances la chose inouïe, la justice, et croit que pour le roi, comme pour tout le monde, le moyen d'être riche, est de payer » disait Michelet. Une révolution dans ce monde qui basculait : la guerre avec l’Angleterre prenait fin ; la papauté se réunifiait ; la longue de l’Empire romain s’achevait avec la chute de Byzance ; l’islam s’installait comme vis-à-vis de la chrétienté. Ce monde qui mourait en Europe c’était celui de la chevalerie, du servage et des croisades. Celui qui le remplaçait c’était la mise en mouvement des richesses ; le pouvoir de l’argent qui supplantait celui la terre ; le génie des créateurs, des artisans, des artistes et des découvreurs. S’il n’avait pas conscience des révolutions en cours, Jacques Cœur donna une réalité à ses rêves à ses ambitions au-delà de toutes ses espérances. Familier des rois et du pape comme des humbles maisons, sa chute n’en fut que plus terrible.
Immensément riche, propriétaire de biens immobiliers considérables, de terres et de maisons dans toutes les provinces, son hôtel particulier à Bourges qu’il fit construire reste le témoin de la réussite époustouflante de cet homme vivant entre deux époques.
Ami intime d’Agnès Sorel, sa meilleure cliente et aussi sa protectrice, la mort de la favorite royale sonna le début de l’hallali. Très jalousé, ses ennemis et ses envieux parvinrent à le perdre auxquels Charles VII l’abandonna. Accusé de crimes imaginaires, il fut arrêté pour malversations en 1451. Le 29 mai 1453, reconnu coupable des crimes de lèse-majesté de concussion et d'exactions, il fut condamné à la saisie de ses biens, au paiement d'une amende exorbitante et au remboursement de cent mille écus au Trésor royal. Pour service rendu à la couronne, sa condamnation à mort fut commuée en bannissement perpétuel. Contraint à faire amende honorable, il réussit néanmoins à s’échapper du château de Poitiers en 1454.