Depuis la fin de mes études, j’avais rangé Arthur Adamov dans un tiroir où je l’avais peu à peu oublié.
En cherchant sa sépulture, j’étais loin d’imaginer que je n’étais pas la seule à avoir abandonné l’auteur de
l’Aveu (1946), à ne pas confondre avec celui d' Artur London (1968) qui inspira le film de Costa-Gavras. J’avais beau compter et recompter les allées et les tombes : rien, jusqu’à ce que je découvre un rectangle de terre et un bout de pierre sur le sol sur laquelle était griffonné à la craie « ADAMOV » ; le lieu où il repose se présente comme une sépulture « relevée » en attente d’un nouveau résident.
Pensant qu’il avait peut-être été exhumé, je me suis adressée à la Conservation pour en savoir davantage. Arthur Adamov est toujours là; sa concession trentenaire s’arrêtant en l’an 2000 n’a jamais été renouvelée.
Toutefois, le cimetière parisien d’Ivry, ne manquant pas de place et tenant à ses « célébrités », conserve le grand écrivain en son sein.
Qui saurait-dire, aujourd’hui, si cet « étranger au monde » n'avait pas souhaité ce dénuement extrême ?
Restée longtemps totalement anonyme, la tombe s'orna de son nom tracé à la craie sur un morceau de bois dorénavant remplacé par une plaque en verre.