Trahison d’un seigneur frustré, ne supportant plus la violence du Téméraire ? Oui, mais les affinités qu’il avait avec Louis XI furent tout autant décisives. Le transfuge n’eut pas à regretter son choix : une charge de chambellan, un titre de conseiller avec une pension très substantielle, la munificence royale l’enrichit de surcroit de la principauté de Talmont , en Vendée, sans omettre son mariage consenti par le roi avec Hélène de Chambes, fille du seigneur de Montsoreau, une des plus anciennes et des plus illustres maisons du Poitou. Louis XI paya 30 000 écus pour transférer aux nouveaux époux l'entière possession du domaine d'Argenton en Poitou. Commynes devenait ainsi « Monseigneur d’Argenton » Intelligent et subtile diplomate, il joua un rôle prépondérant auprès de ce souverain qui lui conserva toute sa confiance jusqu’à sa mort et qui n’aura de cesse de le récompenser de ses nombreux services et compétences.
Mais à la mort de Louis XI, la situation de Commynes se précarisa. Il ne fut pas le seul fidèle serviteur du défunt roi dans ce cas, comme, exemple extrême, Olivier Le Daim qui finit pendu à Montfaucon. Tentant de défendre ses arrières, durant la régence d’Anne de Beaujeu, il joua un rôle actif dans la coalition visant à enlever le jeune Charles VIII en 1484 puis, l’année suivante, il s’acoquina avec des princes rebelles avant de se réfugier à Moulins auprès du duc de Bourgogne, Jean de Bourbon. Sa tentative de coalisation des princes ayant échoué, Commynes fut arrêté en 1487 et enfermé au château de Loches dans une cage en fer où il resta cinq mois avant d'être transféré à Paris pour son procès qui se termina en mars 1489. Commynes s’en sortit avec la confiscation du quart de ses biens et par une relégation de dix ans qu’il vécut dans l’opulence, que lui permettait le reste de sa fortune, et à rédiger ses Mémoires. Bien que se méfiant de Charles VIII, il se mit au service de ce celui-ci qui sut profiter de ses grandes qualités diplomatiques.
Mais, les siècles ont surtout retenu le mémorialiste et l’historien, témoin direct des règnes de trois rois et de la cour de Bourgogne. Ses Mémoires sont une référence incontournable de son époque.
Il mourut dans son château d’Argenton qu’il n’occupait plus que comme simple locataire. En d’autres temps, sa disparition eut été un véritable évènement politique, mais les choses avaient changé.
Ses restes mortels furent acheminés à Paris et inhumés dans la chapelle qu’il avait fondée dans le couvent des Grands-Augustins où le rejoignit par la suite sa femme, Hélène de Chambes, et leur fille Jeanne de Penthièvre († 1514). René de Bretagne leur fit ériger un monument commun. Une statue représentait Commynes avec les cheveux courts, vêtu d’un manteau écussonné à ses armes, les mains jointes et agenouillé devant un prie-Dieu en forme d’autel antique, orné d’une gerbe entre deux cornes d’abondance.