Initié dès son enfance à la découverte de Paris lors de longues promenades avec son père qui lui racontait sur la ville des histoires captivantes, au début du 20ème siècle il fut témoin de la transformation de la capitale.
A la Libération, après avoir regagné la capitale, le colonel Coussillan à la retraite, se passionna pour l’histoire anecdotique du vieux Paris. Il organisa des conférences-promenades qui connurent un vif succès et, afin de se préserver des éventuelles railleries de ses copains de l’armée, il emprunta le nom de jeune fille de sa mère pour poursuivre ses nouvelles activités: Hillairet.
Un jour, au détour d’une de ses conférences, ce fut la rencontre qui allait tout changer. Jérôme Lindon, directeur des Editions de Minuit, lui proposa d’écrire des ouvrages sur le vieux Paris. D'amateur éclairé et passionné, Jacques Hillairet en devint l'un des plus grands spécialistes.
En 1951, il sortit le premier tome de Évocation du vieux Paris, suivi de deux autres, de Gibets, piloris et cachots du vieux Paris (1956) et des Deux cents cimetières du vieux Paris (1958), véritable bible de chevet pour tous les accros au sujet.
Parmi toutes ses œuvres, je ne saurais oublier le Dictionnaire historique des rues de Paris (1963), déjà évoqué, dont la découverte fut une véritable révélation qui bouleversa ma vision de l’histoire faisant de Jacques Hillairet l’un de mes maîtres en la matière.
A une époque où Paris ne se terrait pas derrière les digicodes, j’ai pu à mon tour pousser les portes des secrets enfouis dont il parlait. Sans y prendre garde, je me suis laissée gagner par la nostalgie, la passion des manuscrits, de la recherche et du partage des connaissances.
Discret, indifférent au présent, nostalgique d’un Paris qu’il ne reconnaissait plus, il aimait à dire que « le béton n’a pas d’histoire ». Amoureux fou des vieilles pierres, lorsque les Halles offrirent un trou béant à combler, il aurait aimé qu’on y installât un bois à la Lenôtre, avec des bosquets, des charmilles …
L’ensemble de son travail lui valut d’être trois fois lauréat de l'Académie française, dont un prix Gobert, en 1957 il reçut le grand prix littéraire du conseil général de la Seine et, en 1978, la médaille de vermeil de la ville de Paris.
Le petit homme à l’œil si vif partit presque centenaire pour un autre monde. Ligne par ligne, en fouillant dans les moindres recoins l’histoire de Paris, il nous a aussi légué l’histoire du nôtre.
Sa modeste sépulture est venue s'inscrire dans la longue liste des personnalités du célèbre cimetère parisien.