Issue d’un milieu pauvre, après avoir suivi des cours de danse, de théâtre, de chant et de maintien, la rencontre par hasard avec Saint-Marcel, responsable de revue au Casino de Paris, scella son destin de strass et de paillettes.
Engagée comme gigolette pour le lever de rideau à l'Eldorado (1897), -elle y resta dix ans-, ses premières interprétentations ne furent pas un grand succès, mais on la garda. Elle cherchait sa vocation, sa voix et son nom de scène qui, de Miss Helyett (héroïne d’une opérette en vogue), Miss Tinguette, et Mistinguette, devint Mistinguett.
A force d’assiduité, petit à petit elle apprit à tenir une scène en suppléant son insuffisance vocale par un brin de comédie, un mimique unique et des pas de danse. Et la manœuvre fonctionna au-delà de ses espérances ! Vedette consacrée adulée de son public, femme hors norme par sa volonté de réussite, elle s’imposa de façon magistrale dans les années Folles où le Music Hall était encore populaire et ne souffrait guère de concurrence.
Jusqu'en 1914, elle alterna pièces de théâtre, revues et cinématographe, expériences qui lui furent profitables pour définir LA Mistinguett qui marqua sa longue carrière et la mémoire collective.
Entre temps, en 1911, Maurice Chevalier, son partenaire sur la scène des Folies Bergère l’était devenu dans le privé. Il fut le grand amour de sa vie.
Vedette du Casino de Paris de 1918 à 1925, elle atteignit le sommet de sa carrière au Moulin Rouge dans trois revues ébouriffantes entre 1925 et 1928 avec successivement plusieurs artistes, dont Jean Gabin.
Depuis 1908, sa filmographie affichait une soixantaine de films muets. En 1936, elle tourna son premier film parlant et musical, Rigolboche de Christian-Jaque.
Gloire nationale, monstre sacré et sacré monstre,.femme de caractère sortant les griffes dès qu’une rivale montrait le bout de son nez, La Miss, « reine cannibale », dont les belles gambettes étaient assurées une fortune, resta la Miss des grandes revues jusqu’au début de la Deuxième Guerre mondiale, avant de disparaître, peu à peu, dans d'innombrables galas où son public continuait à l'applaudir à tout rompre.
Elle fit ses ultimes scènes à New-York et au Québec en avril 1951 avant de s'éteindre des suites d'une congestion cérébrale et pulmonaire.
Après ses obsèques en l’église de la Madeleine, en présence de tout le milieu artistique et d’une foule nombreuse d’anonymes, Mistinguett fut inhumée au cimetière d’Enghien, sa ville natale. Dans la même tombe repose son frère, Marcel Bourgeois (1882-1968).